L'activité éruptive récente de la Montagne Pelée (Martinique) se caractérise par l'alternance d'éruptions "peléennes" et d'éruptions "pliniennes". Le dynamisme "peléen" se caractérise par l'édification d'un dôme et par sa destruction partielle qui entraîne la génération de nuées ardentes. Les deux dernières éruptions de la Montagne Pelée de 1902-1905 et de 1929-1932 présentent toutes les deux un dynamisme éruptif "peléen". L'éruption de 1929-1932 a produit exclusivement des nuées ardentes de type "Mérapi" (écoulements gravitaires et explosivité modérée du dôme) alors que l'éruption de 1902-1905 se distingue par des épisodes explosifs particulièrement violents et destructeurs (8 Mai 1902 et 30 août 1902 par exemple) détruisant une grande partie du dôme et produisant des déferlantes.L'étude systématique et quantitative des mésostases (forme, abondance et composition chimique des microlites) des andésites dans la gamme des vésicularités émises a été entreprise pour apporter des informations sur les conditions d'ascension et de dégazage synéruptif, dans les produits suivants : 8 mai 1902, 30 août 1902, une nuée de 1929 et le dome de 1929. Les observations uniquement qualitatives effectuées au MEB jusqu'ici sur ces différents produits ont permis de dégager les points suivants. (1) Les mésostases sont fortement cristallisées quelle que soit l'éruption considérée. La proportion de verre interstitiel reste faible dans tous les cas, particulierement dans les échantillons du dôme. (2) D'un point de vue textural, les microlites des produits du 8 mai 1902 se démarquent par la forme des microlites. Ceux-ci y ont majoritairement des formes prismatiques régulières et la proportion de microlites squelettiques est faible contrairement aux autres. (3) il apparaît que plus les produits sont vésiculés, plus les formes squelettiques sont abondantes parmi les microlites. (4) On note aussi la présence systématique de remplissage secondaire des pores par de la silice. (5) Enfin, tous les fragments de nuées qui ont été observés, montrent une fissuration recoupant à la fois la mésostase et les phénocristaux, et le long de laquelle les pores s'échelonnent préférentiellement.La signification des variations de forme, d'abondance et de composition des microlites sera précisée dans la suite de ce travail par la comparaison des données naturelles avec des simulations expérimentales de décompression.