Les sédiments naturels récents ont toujours attisé la curiosité des scientifiques. Lessédiments urbains, témoins privilégiés de notre histoire récente, sont encore méconnus dessédimentologues. Pourtant ces sédiments accumulés dans les réseaux d’assainissement sont uneopportunité pour mieux comprendre la dynamique de sédimentation dans ces milieux particuliersafin d’éventuellement les exploiter pour retracer l’histoire récente de la ville mais également pourassurer une meilleure gestion de ces ouvrages.La chambre à sable d’Orléans est un ouvrage de décantation situé en amont des stationsd’épuration, d’environ 17 m de profondeur. Elle draine la majeure partie de la zone nord del’agglomération orléanaise, à travers un réseau unitaire collectant à la fois les eaux pluviales etusées. Les sédiments qui s’y sont accumulés depuis 1942 n’ont jamais été curés. Ils formentpotentiellement une archive à très haute résolution temporelle. Une première carotte d’environ 70cm a été prélevée dans les sédiments pour comprendre les modes d’accumulations de ces matièreset vérifier si ces sédiments constituent effectivement des “archives sédimentaires”, ici c’est-à-dired’enregistrement diachronique du réseau d’écoulement des eaux de la ville. Pour ces raisons, nousavons effectué des datations aux radioéléments courtes périodes (7Be, 137Cs, 210Pb) sur la carotte,associés à 10 datations au radiocarbone sur des graines.Au même titre que des sédiments classiques, les sédiments de la chambre à sable sontstratifiés, avec d’épais dépôts de graviers ou de niveaux de graines, et indiquent une mise en placede type événementielle, en accord avec la dynamique sédimentaire dans ce type de réseau. Lesanalyses en radioéléments indiquent la présence de 7Be (demi-vie de 53,7 jours) uniquement dansle premier échantillon confirmant le caractère récent des dépôts superficiels. Alors qu’elles sontquasi-nulles dans les sédiments les plus grossiers du haut de la carotte, les activités en 137Csatteignent quelques dizaines de mBq/g dans les sédiments les plus fins de la base de carotte. Enfinle 210Pb en excès présente une activité fortement variable en fonction de la profondeur. Lesradioéléments se fixant principalement sur les particules fines une correction à l’aide de lagranulométrie a été tentée pour normaliser le 210Pb en excès (210Pbex), mais cette correction n’estpas satisfaisante ce qui indique que le 210Pbex initial est variable au cours du temps rendant cetteméthode inutilisable à des fins chronologiques. De plus, cette normalisation fait disparaitre le picde 137Cs, artificiellement présent à cause d’une augmentation en profondeur des fractions les plusfines du sédiment. Il s’avère donc que le dépôt sédimentaire est postérieur à 1986 (rejets liés àl’accident de Tchernobyl). Les datations au radiocarbone confirment ces résultats et nousindiquent des dates entre 2012 et 1995, postérieures au pic des bombes. Une seule inversion est ànoter dans le bas de la carotte, résultant sans doute de remobilisations. Au total, ces résultats nouspermettent de confirmer que les sédiments des réseaux d’assainissement sont déposés suivant unelogique temporelle, rendant possible des reconstructions paléoenvironnementales en contextesfortement anthropisés, sur des gammes de temps et résolutions rarement atteints.