Les paysages glaciaires exhumés d’Afrique australe : L’héritage géomorphologique de la glaciation tardipaléozoïque
Abstract
Les interactions existantes entre déformation lithosphérique, dynamique mantellique et
processus glaciaires permettent la création, en domaines de marges continentales, de
reliefs très marqués généralement considérés comme étant transitoire. Sur les cratons
d’Afrique australe toutefois (cratons du Congo, du Kaapvaal et du Zimbabwe), de
profondes vallées caractérisées par des profils topographiques en U et dans lesquelles
coulent les rivières actuelles, correspondent à des paléofjords, à des vallées glaciaires et à
des overdeepenings exhumés datant de la glaciation tardi-paléozoïque (Carbonifère-
Permien). La présence de stries glaciaires sur les interfluves et de dépôts sédimentaires
glaciogéniques et côtiers dans les vallées indiquent d’une part que la morphologie
originelle de ces reliefs est parfaitement préservée mais permet également d’attribuer
une paléoaltitude précise à ces paléoreliefs glaciaires. Par ailleurs, ces vallées glaciaires
sont incisées perpendiculairement à une série d’escarpements subverticaux séparés par
des surfaces horizontales étagées, conventionnellement interprétés comme résultant du
rifting crétacé sud-atlantique suivi de processus d’aplanissement d’échelle continentale,
ce qui indique que ce relief étagé est antérieur à la glaciation tardi-paléozoïque et résulte
probablement de processus anorogéniques liés à des mouvements verticaux différentiels
existants entre le craton du Congo et la ceinture panafricaine. La présence de fjords et
de dépôts côtiers à des altitudes actuelles de plusieurs centaines de mètres permet en
outre de quantifier les mouvements verticaux post-glaciation imputables au superplume
sud-africain.